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  • Photo du rédacteurActeurs du Grand Paris

Le Grand Pari(s) de l’emploi




Alors que la région Île-de-France connaît de très grandes disparités économiques et sociales, que la crise du Covid-19 a contribué à mettre en lumière de manière criante, l’État mobilise de nombreux dispositifs pour y remédier. Loin d’être des politiques publiques uniquement verticales, ses actions en matière d’emploi sont ajustées au plus près du terrain en lien avec les acteurs. Objectif : assurer un équilibre territorial et faire que la croissance de la région profite à tous. Comment l’État s’y prend-il pour relever ce défi ? Explications.


Par Amandine Martin


Face à la crise, l’État a soutenu les entreprises et la reprise économique pour préserver les emplois. Afin d’éviter que les dommages conjoncturels causés par la crise du Covid-19 sur le marché du travail ne se transforment en dommages permanents, l’État se devait d’’être agile et réactif en soutenant massivement le tissu économique pendant le pic de la crise du Covid-19. L’enjeu était double : travailler en partenariat avec les acteurs économiques que sont le Conseil régional, la CCIR, le CRMA, les fédérations patronales et syndicales afin d’éviter que des entreprises ne s’enfoncent durablement dans la crise et conduisent leurs salariés au chômage. Et, ce faisant, faciliter le redémarrage de l’activité économique.


Les dispositifs mis en place par le gouvernement ont été déployés massivement dans notre région : après 2 mois de confinement, près de 3 millions de salariés étaient en activité partielle, parmi les secteurs les plus touchés de l’hôtellerie, les cafés, les restaurants, l’évènementiel, la construction, soit 1,175 Md€ d’indemnisations, et plus de 430 000 entreprises avaient bénéficié des aides du fonds de solidarité abondées par l’État et le Conseil régional, soit près de 597 M€. Enfin, plus de 21 Md€ de prêts garantis par l’État ont été attribués.


Alors que la crise a révélé les inégalités profondes qui demeuraient en Île-de-France, l’État s’emploie aujourd’hui à ce qu’aucun Francilien ne soit laissé à l’écart de la reprise de l’activité économique.


Pour y parvenir, l’État régional s’est fixé deux priorités : réduire le nombre d’emplois non pourvus dans certains secteurs d’activité qui ont du mal à recruter tels que le BTP, d’une part, et insérer sur le marché du travail les Franciliens les plus éloignés de l’emploi grâce à une politique individualisée et sur-mesure d’accompagnement et de formation, d’autre part.


Lutter contre le phénomène des métiers en tension


Début 2020, le préfet de région a engagé un plan d’action régional sur les métiers en tension en lien avec le Conseil régional afin de lutter contre ce phénomène, inacceptable dans une région aussi riche en projets et en main-d’œuvre, d’un nombre élevé d’emplois que les entreprises ne parviennent pas à pourvoir et la prégnance d’un taux de chômage important, notamment chez les jeunes qui résident en quartiers de la politique de la ville.


Ce plan s’articule autour de quatre leviers d’action : l’identification des besoins des entreprises qui sera réalisée ; l’adaptation de l’offre de formation aux besoins remontés par le terrain chaque semestre ; le renforcement de l’attractivité des métiers en tension, notamment dans le secteur de la construction ; l’accompagnement des jeunes vers ces métiers. Ces actions seront appuyées par le Pacte régional d’investissement dans les compétences (PRIC), dans lequel l’État, en Île-de-France, met 1 Md€ sur la table afin de soutenir l’offre de formation du Conseil régional (y compris à distance) pour les personnes les plus éloignées du marché du travail.


L’objectif est d’orienter les demandeurs d’emploi et les jeunes vers les filières en tension et à changer notamment l’image de certains métiers du BTP qui demeurent peu attractifs, alors qu’ils permettent de proposer des emplois stables, relativement bien rémunérés, avec des perspectives de carrière réelles et des conditions de travail qui se sont beaucoup améliorées. Les partenaires, fédérations professionnelles et grands maîtres d’ouvrage, travaillent désormais ensemble pour sensibiliser et recruter au plus près du terrain.


Un plan régional pour former, accompagner et insérer les jeunes décrocheurs


Afin de lutter contre le chômage endémique des jeunes, souvent issus des quartiers les plus défavorisés, l’État fait le pari qu’avec une formation de qualité, adaptée aux besoins des entreprises, ainsi qu’un accompagnement sur-mesure, nul n’est inemployable !


Le préfet a ainsi lancé, en avril 2018, le Plan régional d’insertion pour la jeunesse des quartiers prioritaires en Île-de-France (PRIJ), dont l’objectif est de repérer des décrocheurs scolaires et, plus généralement, des jeunes sans solution, âgés de 16 à 25 ans, afin de les accompagner individuellement dans des parcours d’insertion sociale et professionnelle. À cette fin, plus de 150 référents de parcours, recrutés dans 95 territoires prioritaires, vont concrètement chercher ces jeunes sur le terrain pour leur proposer des programmes adaptés à leur parcours.


Ce plan connaît une réelle montée en puissance depuis à la fin de l’année 2019 et permet d’ores et déjà à 3 000 jeunes de bénéficier de parcours personnalisés ; 1 000 d’entre eux ont d’ailleurs déjà trouvé un emploi ou une formation.


Afin de poursuivre cette dynamique, près de 10 000 décrocheurs franciliens de plus de 16 ans et sortis récemment du système scolaire sans diplôme ni qualification vont être contactés d’ici la rentrée par les référents de parcours du PRIJ et les missions locales, comme le prévoit la nouvelle convention entre le préfet de région, la présidente du Conseil régional et l’Association régionale des missions locales.


Les décrocheurs et les jeunes du PRIJ vont en particulier être orientés vers la voie de l’apprentissage au travers de leur inscription dans des prépa-apprentissage ouvertes à plus de 2 000 d’entre eux en Île-de-France.


Cette question de l’apprentissage demeure une des solutions d’entrée dans l’emploi qui, pourtant, n’est pas suffisamment exploitée par nos jeunes générations. C’est pourquoi, la préfecture de région et ses partenaires ont décidé de multiplier les initiatives en organisant des opérations d’apprentissage coaching permettant de mettre en contact l’offre (entreprises, écoles…) et la demande. Déjà organisées au dernier semestre 2019, elles seront relancées dès septembre 2020, dès lors que les conditions de sécurité sanitaire seront réunies, l’objectif étant de bénéficier à plus de 5 000 jeunes d’ici la fin de l’année 2020.


De l’emploi dans les quartiers prioritaires


Le préfet a également réactivé les clubs d’entreprises inclusives ancrés dans les 25 bassins d’emploi en Île-de-France afin de promouvoir les différentes mesures gouvernementales en faveur de l’emploi et en particulier les emplois francs, un dispositif qui permet aux employeurs de bénéficier d’une aide de l’État lorsqu’ils recrutent un salarié résidant en quartier politique de la ville (QPV).


Ici aussi, l’État fait le pari que c’est par l’accès à l’acquisition de compétences pour tous que le marché du travail francilien sera plus résilient, plus juste et moins inégalitaire.


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