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Aménageur, un métier d’hommes, vraiment ?*

La parole est à celles qui travaillent pour un aménageur, sans être elle-même aménageuse : Claire Cauchetier (Novaxia), Corinne Simoni (EpaMarne-EpaFrance), Gaelle Coutant (EpaSaclay) et Géraldine Ajax (Grand Paris Aménagement).


par César Armand (La Tribune)

“Ce ne serait pas la question d’un bonhomme, ça, justement ? Et vous, César Armand, vous ne feriez pas un métier de femme ? On pourrait penser que journaliste, c’est féminin, non ?”, attaque, mi-agacée, mi-amusée, Claire Cauchetier, directrice de la communication et des relations du groupe Novaxia, entreprise privée présidée par… un homme.

Ce n’est pas le seul: le président de l’Union nationale des aménageurs est un homme, le président de la Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment aussi, le président de la Fédération française du bâtiment également, le président de la Fédération française des travaux publics, itou, sans oublier le ministre de la Ville et du Logement ! Heureusement que l’établissement public d’aménagement EpaMarne-Epa France (Seine-et-Marne) montre l’exemple. Le Codir y est à parité et deux des quatre directeurs sont des directrices. “Des jeunes femmes avec de très grands projets à dimension internationale”, souligne sa directrice de la communication Corinne Simoni. “Je vous garantis qu’elles ne sont pas des femmes alibi. Il en est de même pour la directrice de la stratégie et de l’innovation. Elles et leurs collaboratrices chefs de projets urbains sont peut-être l’équilibre de ce métier”, insiste-t-elle.

“C’est vrai que c’est un métier très associé à ceux du bâtiment, des travaux publics, des chantiers à l’image plutôt “virile”, mais à le vivre au quotidien, c’est un milieu assez mixte et assez inégalitaire”, remarque, pour sa part, Gaelle Coutant, directrice de la communication de l’EPA Paris-Saclay. Entre les techniciens, les ingénieurs, les architectes, les géographes, les spécialistes des politiques publiques et les juristes, “la mixité femme-homme est naturellement portée par cette diversité aux différents niveaux hiérarchiques de l’entreprise”, assure-t-elle. Une vision genrée “sans fondement, inopérante et dépassée”, dézingue, de son côté, la directrice de la communication et des relations institutionnelles de Grand Paris Aménagement, Géraldine Ajax. “Faire la ville, c’est la faire complète, mixte, multi et pas mono pour chacune et chacun tout en sachant que l’addition des intérêts particuliers ne forme pas l’intérêt général”, poursuit-elle.

A cet égard, Claire Cauchetier, ex-directrice de cabinet dans une grande intercommunalité de la région parisienne, séduite par “le goût pour le beau geste architectural”, se dit aujourd’hui “excitée et passionnée” par le sentiment de participer à “quelque chose de grand”: “la Ville”. “J’ai découvert en fait un monde pas si éloigné de celui que je côtoyais jusque-là. Finalement tous œuvrent dans le même sens, faire de demain un monde meilleur, moins carboné, plus vert, plus mixte, plus ouvert”, témoigne-t-elle.

Découvrant “cet univers” depuis deux ans, Corinne Simoni récuse, elle, le portrait de “la femme également mère qui pense, qui gère, qui organise et qui imagine le futur de ses enfants”, ou celui “de la femme artiste, sensible, à la ville, intrinsèquement liée à la terre nourricière et la nature”. “On croirait du Giono, quelle horreur!” s’exclame-t-elle. A l’EPA, elle dit travailler à valoriser la stratégie et à apporter de la visibilité à un territoire grand comme trois fois Paris.

Pour Gaëlle Coutant, la direction de la communication est une position transversale qui permet “un peu de hauteur pour mettre en récit des ingrédients et écrire une très belle histoire”. Il faut dire qu’à Saclay, le projet est hors-norme. “Un projet de territoire avec une place particulière dans les nouvelles dynamiques du Grand Paris, un projet d’aménagement d’une ampleur inédite (...) l’animation d’un écosystème d’innovation d’une richesse incroyable (...) la structuration d’un nouveau modèle académique (...) un travail partenarial avec les collectivités (...) sans oublier la dimension agricole et naturelle”, résume-t-elle.

Chez Grand Paris Aménagement, c’est un homme - vous avez bien lu -, Thierry Lajoie, qui a fait preuve d’une audace certaine, sans jamais communiquer là-dessus publiquement. Le directeur général a nommé une directrice générale adjointe, Soraya Hamrioui, “alors qu’elle était enceinte”. “Pour toutes les femmes travaillant chez nous, ce type de nomination en dit plus que tous les index Egalité Femmes Hommes aussi pertinents soient-ils”, relève Géraldine Ajax. Mesdames les aménageuses, vous l’aurez compris: pour vous faire entendre, unissez-vous !


*Article publié durant l'été 2020 dans le Magazine des Acteurs du Grand Paris. Depuis, plusieurs personnes ont changé de fonction.

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